Comme au théâtre, le off, dans l’édition, c’est le hors programme, le hors circuit, l’imprévu, la surprise, l’ouvrage non attendu mais que l’on va retenir, lire et donner envie de découvrir.
Ce sont aussi tous les genres sans retenue : de la littérature, française ou étrangère, des récits, des documents, de l’économie, de l’histoire, de la géopolitique, des romans policiers, des romans graphiques, de la BD, etc.
Et très important encore : des nouveautés, de nouvelles éditions voire des livres anciens…
Tout un programme mais différent, forcément différent…
Le nouveau Haut-commissaire au plan, Clément Beaune, nommé le 5 mars dernier pour succéder à François Bayrou ne s'imaginait peut être pas accéder à un poste si prestigieux après n'avoir pas été reconduit comme ministre en février 2024. Cinq mois plus, tard, en juillet, après la dissolution, il ne parvenait pas à reconquérir son poste de député de Paris. En moins de dix ans, il avait été conseiller, ministre, élu député. Cette disponibilité forcée a été mise à profit pour écrire un livre. Il ne serait pas le premier. Mais plus qu'un livre de souvenirs, c'est avant tout un ouvrage de réflexion sur l'action politique, un livre de propositions aussi. Clément Beaune, sonné mais toujours debout, veut croire à son avenir au-delà des années Macron. Dans ce premier ouvrage, il se montre souvent censé, généreux et résilient mais d'aucuns diront désespérément de gauche tendance écolo...
Le dernier livre posthume de Frédéric Mitterand décédé en 2024 dans lequel il rend hommage à trois rencontres marquantes dans sa vie : Thierry, l'ami d'enfance disparu trop tôt lorsqu'ils étaient adolescents, Charles Cahier, un grand oncle tué à la guerre en 1917 dans les Balkans, militaire de carrière malgré lui mais surtout poète méconnu, et enfin les deux héros, Andrea et Geronimo, du film éponyme de Franco Rossi, Amis pour la vie (1955), rencontrés au soir de sa vie et de la leur. Un livre bouleversant, sensible et toujours d'une écriture remarquable. Frédéric Mitterand était un grand écrivain, et ses chers disparus, son inspiration.
Déjà envahie par les Allemands en 1939, l'Estonie, le petit Etat balte tout au nord de l'Europe, subit en 1944 l'assaut des troupes Russes alors qu'il lutte toujours pour son indépendance. C'est le récit de cette nouvelle annexion que fait ce premier roman. Né en 1984, originaire de Metz, Xavier Bouvet après être passé par l'Université à Leipzig et Paris vit à Tallinn où il a compulsé trois années durant tous les détails de cette histoire tragique. Bien entendu, le rapprochement avec ce qu'à vécu la Finlande au même moment (Les guerriers de l'hiver d’Olivier Norek) ou l'Ukraine aujourd'hui (Notre guerre quotidienne d'Andreï Kourkov) ne doit rien au hasard.
Il y a tout juste 45 ans, en mars 1980, apparaissait sur les tables des libraires français, Le Monde selon Garp, le roman détonant d'un jeune écrivain américain, John Irving. C'était son 4e roman, le premier traduit dans notre langue. Il allait également assurer à son auteur une large reconnaissance internationale d'autant qu'en 1982 sortait le film éponyme avec un certain Robin Williams dans le rôle de Garp. A travers Garp, né d'une mère célibataire, infirmière, féministe combative et d'un soldat blessé, quasi-mourant, inséminateur malgré lui, John Irving explore déjà tous les thèmes qui jalonnent son oeuvre : pour ses personnages, des naissances forcément chaotiques, des destinées cabossées, des questionnements sur l'identité de genre, la lutte comme pratique sportive quasi exclusive, une fascination pour l'Europe, l'Autriche et Vienne en particulier, des intrigues parfois gentiment absurdes mais toujours drôles et à la morale, s'il en faut une, bienveillante, humaniste. A lire ou relire.
Dans un tout petit ouvrage, à la fois dans ses dimensions (93x14) et son nombre de pages (à peine 48), Victor Hugo livre un réquisitoire féroce contre la destruction systématique des monuments, églises, châteaux, monastères, tout type de bâtiments hérités du passé, parce que laissés à l'abandon et finalement livrés aux marchands de matériaux. Tant de beauté sacrifié ! Il s'agit à l'origine d'une "Note sur la destruction des monuments en France" datant de 1825 plusieurs fois rééditée depuis. Et dans cette version encore, aux Editions Allia en 2020 et de nouveau 2024, sans doute pour accompagner la réouverture de Notre-Dame.
Le petite Sarah Kofman avait 7 ans au moment de la rafle du Vél d'Hiv. Son père, rabbin d'une petit synagogue, rue Duc, dans le 18e arrondissement de Paris, sera arrêté, déporté à Auschwitz, assassiné quelques mois après son arrivée. Sa femme restée avec ses six enfants entre 2 et 12 ans organisera leur évacuation en zone libre. La petite famille habitait 6 rue Ordener dans le même arrondissement. Sarah et sa mère seront recueilli rue Labat par une ancienne voisine. Rue Ordener, rue Labat est le récit de ses années par une petite fille qui adorait la lecture et qui devenue philosophe, spécialiste de Freud, a choisi de raconter cette histoire en 1994 quelques tamps avant sa mort. Le livre est ressorti en septembre 2024 dans une version augmentée.