Le cours de monsieur Paty
Publié le lundi 21 octobre 2024
Il n'y a pas de mais qui tienne
Samuel Paty n'a pas été un cas isolé. Son assassinat suivait une longue liste d'attentats terroristes frappant des gens ordinaires, des adultes, des enfants, des militaires, des prêtres, etc. Trois ans plus tard, Dominique Bernard, un autre professeur tombait lui aussi sous des coups de couteaux. Non pas en banlieue parisienne, à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines mais à Arras dans les Hauts-de-France. N'importe où sur le territoire, nos institutions, et la plus noble d'entre elle, l'école, sont menacées. Par des fanatiques. Des islamistes qui ciblent désormais délibérément l'enseignement, la jeunesse en devenir. Qui peut encore apprendre du vrai savoir contre l'obscurantisme, de la liberté, de l'attention aux autres, du respect des différences quelles qu'elles soient. A moins que...
La douleur ne s'estompera pas. Mais pour y faire face, la soeur du professeur supplicié reprend pas à pas le récit de ces douze jours qui séparent un cours sur la liberté de la presse du moment où l'enseignant menacé, rentrant seul à pied chez lui, sans protection, sera poignardé et décapité. Un cours prévu au programme des classes de 4e, s'appuyant sur des directives et des documents de l'EN - les fameuses caricatures qui effraient plus les bigots que la mort violente d'un homme ! - en lien avec l'actualité (à l'époque se déroulait le procès de l'attentat de Charlie Hebdo). Un enchainement implacable où l'administration désignera presque le professeur comme étant à l'origine du trouble et les élèves comme les "victimes supposées" (un formulaire officiel à l'adresse du référent laïcité du rectorat de Versailles). Les menaces verbales, la cabale des réseaux sociaux, l'emballement des réunions (pas de vague ?), rien de pourra emêcher l'issue fatale. Ce que démontre l'auteur, c'est l'aveuglement d'une hiérarchie qui redoute l'emballement pour l'institution mais semble ne pas entendre la menace qui pèse sur l'enseignant. Non, le professeur Paty n'a pas provoqué son martyr. Il a fait son métier. Et cette phrase qui pourrait résumer le livre : "En France, on ne met pas de "Oui, mais..." après qu'unprofesseur s'est fait décapiter. On met un point." Un écrit courageux à lire pour prendre la mesure de l'évènement. Un livra acheté en apprenant que certaines librairies "indépendantes" refusaient de le vendre. La censure plutôt que les caricatures. Nous y sommes...
Extrait :
« De ce long travail d'enquête, je suis ressortie avec la conviction que mon frère n'a pas été assassiné par hasard. Il est mort parce que face à l'offensive isla-miste, nous n'avons produit depuis des années qu'une série de renoncements qu'on croyait sans importance, mais qui, mis bout à bout, ont construit un système. Nos dirigeants successifs espéraient ainsi conserver la paix civile. Ce fut une grossière erreur d'analyse, car l'islamisme n'est pas un ennemi avec lequel on peut s'asseoir à la table des négociations. Il est un projet politique totalitaire, conquérant, et qui voit à long terme. Voilà pourquoi ses émissaires ont choisi de s'attaquer à l'École. Eux qui endoctrinent dès le plus jeune âge savent mieux que quiconque qu'elle est le lieu du futur, l'endroit par excellence où sont formés les esprits libres de demain. Or, les islamistes ne veulent pas de cette liberté contraire à la charia. Et ils ont bien compris que si nous cédions sur l'École, la prochaine génération ne sera plus armée intellectuellement pour défendre nos valeurs.
La décapitation de mon frère doit être notre électro-choc. Trois ans après lui, Dominique Bernard est tombé sous les coups de poignard d'un autre islamiste dans son collège, à Arras. Et cette fois, il n'y a même pas eu besoin des caricatures pour justifier le crime. Ce qu'il était, un prof, a suffi comme mobile.
Au cours de sa première audition dont la presse arendu compte, le terroriste explique de manière lim-pide, et avec dégoût, pourquoi il a ciblé cet homme:
«Dominique Bernard était prof de français. C'est l'une des matières où l'on transmet la passion, l'amour, l'attachement au système en général. De la République, de la démocratie, des droits de l'homme, des droits français et mécréants. » Anzorov, lui, a écrit au président Emmanuel Macron qu'il avait « exécuté un de ses chiens de l'enfer » en publiant sur Twitter la photo de mon frère qu'il venait de décapiter. »