Le duel des grands-mères
Publié le lundi 11 avril 2022
De Pagnol à Giono près de Bamako
Hamet a douze ans. Il vit avec sa mère dans un quartier de Bamako. Son père est parti travailler en France… Le gamin est un peu livré à lui-même avec ses copains. Ensemble, ils font les 400 coups. Il lui arrive même de faire l’école buissonnière. On court avec lui dans les rues de sa ville, on traverse les marchés, on hume les odeurs de cuisine… Le gamin est brillant, à la fois insolent et candide. Il parle le bambara et le soninké et bien d’autres langages aussi mais à l’école, c’est français obligatoire. Et ce français qu’il parle mieux que personne se révèle riche, inventif, drôle, poétique. Nous ne sommes pas en Provence mais en Afrique, au Mali, on pense à Pagnol. Les mots s’assemblent différemment et forment des expressions saisissante
Un jour, notre héros est surpris par sa tante, « collé » par le directeur, grondé par sa mère – surtout bien apprendre en classe pour sortir de de sa condition – soumis à des cours de rattrapage intensifs. Rien n’y fait. Une bagarre avec un condisciple va décider sa famille de l’expédier à la campagne chez sa grand-mère… Un voyage initiatique. Un retour aux origines, au pays de ses ancêtres. Le petit gars de la ville va affronter la dure vie des champs, confronter les traditions, la coutume, à l’évolution inéluctable des modes de vies. Une intrigue va se nouer où nous verrons surgir à la fin une deuxième grand-mère et des secrets de famille enfin révélés. A Pagnol succède Giono. Une langue plus imaginative encore entraîne le lecteur dans la description du village et des terres alentour, de ses habitants, de leurs conditions de vie, des relations familiales, des non-dits jusqu’au dénouement final. Des personnages truculents, des paysages vivants, des familles en tous points semblables aux autres, ailleurs dans le monde. Ce roman raconte une histoire d’agriculteurs, de petits propriétaires terriens, de négociants passés de la campagne à la ville avant l’exil, la migration et ou l’enseignement des jeunes générations est un espoir de s’en sortir mieux.
L’auteur, Dadié Dembelé, est né dans l’ouest du Mali, on le devine, dans les années 90. Il est titulaire d’un Master de création littéraire de l’université Paris VIII. Sa famille aujourd’hui réside entre la France, le Mali et le Canada. Un grand village mondial. Un livre à recommander pour l’inventivité de sa langue et son caractère universel.