Essai

Le Régent, Philippe d'Orléans, l'héritier du Roi-Soleil

Publié le lundi 21 octobre 2024

Cette fois, la branche cadette s'impose

On sait maintenant que ce Régent - qui est aussi le héros des fameuses Mémoires de Saint-Simon - vaut mieux que son personnage vu dans "Que la fête commence" , le film de Bertrand Tavernier (1975). Louis XIV meurt le 1er septembre 1715. En quelques mois, Philippe d'Orléans, son neveu, accède au pouvoir de main de maître en s'opposant en douceur mais fermement au Duc de Maine, le fils légitimé du vieux monarque qu'un testament (un codicile déposé au Parlement de Paris) a déjà désigné. Il barre aussi définitivement les visées plus ou moins avouées au même trône de Philippe V d'Espagne, le petit-fils de Louis XIV, pour lequel une guerre (guerre d'Espagne, 1707-1709) a été nécessaire afin qu'il puisse régner à Madrid. Alors de là à revenir à Paris, ce sera non.

Le Régent va donc s'imposer en quelques semaines et en quelques mois, bouleverser les institutions, renouveler la façon de gouverner, s'appuyer sur le Parlement, s'entourer de multiples conseils, cette polysynodie qui sera comme une marque de fabrique de son court règne. Il usera en même temps (déjà) d'une aristocratie réhabilitée et d'une noblesse de robe encore une fois promue. Les ferments de la future révolution sont peut-être plantés là. Mais nous n'y sommes pas encore. L'homme est brillant, déterminé, habile. Voilà une biographie documentée qui va à l'encontre des idées reçues à son propos, qui fait parfois le lien avec la France d'aujourd'hui. Remarquablement écrit. Un vrai roman dont on tourne les 650 pages sans pouvoir s'arrêter. Voilà le XVIIIe siècle qui sera d'autre part artistiquement très innovant (architecture, mobilier, etc.) réhabilité.

Alexandre Dupilet a également consacré une biographie au cardinal oublié, Guillaume Dubois, natif de Brive-la-Gaillarde, qui fut le premier ministre dudit Régent après avoir été son précepteur.

Extrait

« Il n'y avait pas le moindre fonds, ni dans notre Trésor royal, ni dans nos recettes pour satisfaire aux dépenses les plus urgentes; et nous avons trouvé le domaine de notre Couronne aliéné, les revenus de l'État presque anéantis par une infinité de charges et de constitutions, les impositions ordinaires consommées par avance, des arrérages de toutes espèces accumulées depuis plusieurs années, le cours des recettes interverti, une multitude de billets, d'ordonnances et d'assignations [...]. Ces expédients pernicieux, que l'obligation de soutenir la guerre pour parvenir à une paix glorieuse a pu rendre nécessaires, auraient bientôt achevé de précipiter l'État dans une ruine totale. »